1re lecture : Apocalypse 7, 2-4.9-14
Psaume 23 Évangile : Matthieu 5, 1-12a |
1. La fête de la Toussaint est pareille à nulle autre. Comment la décrire ?
2. Toutes les autres fêtes sont des fêtes où l’accent est mis sur Jésus-Christ, et c’est bien normal : A tout Seigneur tout honneur… Il est celui qui s’est livré pour nous – Il a
souffert pour nous, il est mort pour nous, Il est la cause de notre salut par sa mort sur la croix.
3. Mais la fête de la Toussaint, c’est différent : c’est, comment dire ? le jour de la fête des saints, le jour où les saints font la fête, où il y a un énorme vacarme au ciel, car
c’est une joie indescriptible, une joie telle qu’on ne peut pas l’imaginer sur terre.
4. C’est une joie pure, céleste bien sûr. Une joie telle que l’on a du mal à l’imaginer sur terre, car enfin, il n’y a plus rien qui ne peut même un tout petit peu l’assombrir : le
spectre de la vieillesse ou de la maladie, ou le spectre du péché : ils sont délivrés de tout ça, rien de ce qui peut nous faire souffrir ici-bas ne peut les atteindre désormais. C’est une
joie indicible, dont on serait complètement jaloux si on pouvait l’imaginer.
5. La fête de tous les saints, c’est la fête de tous les élus, de tous les saints que nous connaissons et que nous aimons bien, et de tous ceux complètement inconnus des hommes, mais connus
de Dieu ; ils sont complètement heureux car ils peuvent aimer comme ils n’ont jamais aimé, sans obstacle aucun, de tout leur cœur, de toute leur âme, de complètes leurs forces. Et cela leur
donne un entrain incroyable. Totalement délivrés de leurs peurs sur eux-mêmes, sur les autres, sur Dieu peut-être, ils peuvent librement donner cours à leur joie exubérante.
6. La première lecture dit : Ils viennent de la grande épreuve… Cette grande épreuve a autant été extérieure qu’intérieure :
- extérieure : peut-être de grandes souffrances, la maladie : la tuberculose pour sainte Thérèse, le cancer pour Zélie Martin, la démence pour Louis. Parkinson pour saint Jean-Paul II, une leucémie foudroyante pour Carlo Acutis.
- intérieure : parfois elle n’est pas moindre que la maladie physique ; on sait combien sainte Thérèse jeune fut accablée de scrupules. Ce peut être aussi de redoutables nuits de la foi, comme en a connues sainte mère Teresa de Calcutta.
La « grande épreuve » pour eux comme pour nous est la redoutable école de la vie qui peut mettre à mal notre confiance en la Providence ou bien en nous-mêmes. Mais cette « grande
épreuve » a peu à peu façonné les saints que nous fêtons aujourd’hui à l’image du Seigneur, devenant ainsi, de plus en plus, plus humbles, mieux portés vers les autres, moins préoccupés
d’eux-mêmes, complètement irradiés par le Seigneur.
7. Je n’imagine pas les saints que nous honorons ce matin autrement que dans la pure action de grâce, et c’est cela qui leur donne cet entrain (j’ai envie de dire « cette pêche ») incroyable.
D’où leur vient alors cette pure joie, cet enthousiasme qui sort du plus profond d’eux-mêmes, tellement fort qu’ils ne peuvent les contenir ? Cela vient justement de cette prise de
conscience intérieure si forte, si éclatante d’avoir été sauvés, délivrés, gratuitement, sans mérite de leur part. Tout ce qu’ils sont aujourd’hui, et pour les siècles des siècles, c’est au
Seigneur qu’ils le doivent. Un saint, un ange au ciel possède au plus haut point ce sentiment de gratitude, alors que nous, nous sommes si souvent dans l’insatisfaction, dans la réclamation ou la
tristesse de ne pas avoir ce que nous réclamons depuis si longtemps…
8. Comme nous avons raison de fêter les saints, comme nous avons raison d’envier leur enthousiasme qui se manifeste aujourd’hui ! D’abord parce qu’ils sont proches de nous ; avant de devenir des saints, ils ont été comme nous, ils viennent de chez nous ; ensuite par ce qu’ils sont devenus, en imitant Jésus lui-même, ils se sont tellement dessaisis d’eux-mêmes !
Pauvres de cœur,
doux,
miséricordieux,
pleurant avec ceux qui pleurent,
cœurs purs,
et même persécutés pour la justice,
insultés, ils ont pu accéder au ciel, et le Seigneur les a récompensés en les prenant avec lui.
9. Chers amis, faisons des saints, comme nous y étions invités hier à cette belle veillée, des amis fidèles ; eux aussi ont eu à batailler pour devenir des saints ; ils ne sont pas là-haut comme des potiches inutiles, mais ils ont le réel désir de nous accompagner vers le ciel comme des compagnons de route qui montrent le chemin. Cette route n’est pas triste parce que seulement semée d’embûches ; avec eux, elle est aussi chemin de joie et de sainteté. Glorifions Dieu qui nous a donnés les saints ! Amen !
P. Loïc Gicquel des Touches