1re lecture : Isaïe 25, 6-10a
Psaume 22 Évangile : Matthieu 22, 1-14 |
1. Inlassablement nous sommes invités par le Seigneur à des noces… Il faut se le redire en ces jours si sombres vécus dans le monde, au Moyen-Orient et en France depuis ce vendredi.
Oui, à des noces que le Seigneur nous invite, mais pas des noces sanglantes, pas des noces de larmes et de sang.
Des noces où il invite l’humanité déchirée, blessée, à laisser les armes, à laisser tomber l’arc de guerre.
Cela renvoie au fameux récit de Noé dans le livre de la Genèse où le Seigneur installe entre ciel et terre un arc, mais ce n’est plus l’arc de guerre, c’est l’arc-en-ciel, signe de l’alliance entre le Seigneur et la terre (Gn 9,13).
Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple : c’est à ces noces de paix, d’alliance, de
communion que nous sommes appelés, il faut le dire et le redire, c’est même inscrit en lettres de sang sur son propre corps quand son Fils a vécu la Passion.
2. L’Évangile de ce jour nous dit que ce ne sera pas si facile : l’un alla à son champ, l’autre alla à son commerce ; d’autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et
les tuèrent : ce sont les prophètes, et, parmi eux, Jésus lui-même… L’Amour n’est pas écouté.
3. Cette coupable apathie, cette irréductible indifférence qui mène à la mort de tant d’innocents a conduit à ce que nous vivons actuellement : en Israël, on a voulu effacer des écrans
ce qui se vit quotidiennement à Gaza, dans les territoires occupés de Cisjordanie : la misère physique et morale qui engendre la rage et la haine comprimées depuis tant d’années ; et
cet aveuglement a conduit à la haine et à des actes de barbarie insensés et tellement impensables qu’il semble que Satan lui-même s’en mêle, en faisant commettre des actes d’une brutalité inouïe.
Satan et l’homme lui-même confondus pour faire le pire, pire qu’un animal sauvage blessé.
4. Dans la parabole de saint Matthieu (elle n’y est pas en saint Luc), il y a cette histoire de cet invité qui est jeté cruellement en dehors de la salle de noces : Jetez-le dehors pieds et poings liés.
C’est la cruelle incertitude du salut que nous avons du mal nous occidentaux à accueillir, pour ceux qui ne veulent pas, qui refusent de s’engager dans la voie du dialogue et du
repentir : l’autre garda le silence. Pas de retour sur lui-même, pas de repentir, pas de pitié. Et pourtant le Seigneur l’appelle mon ami… L’accès
au royaume de Dieu n’est pas facultatif, il n’est pas ou « oui » ou « non ». Il faut se décider pour le « oui », sinon nous sommes perdus, nous nous perdons
nous-mêmes.
5. Face à ces événements tragiques, que nous nous vivons dans notre fauteuil, alors que tant de personnes souffrent dans leur âme, dans leur cœur et dans leur chair, la réponse ne peut être
que par le bien que nous faisons autour de nous : davantage de fraternité, davantage d’amour, davantage de bienveillance non seulement en paroles, mais surtout en
actes. Il faut barrer la route à la haine par la fraternité. Que c’est difficile aujourd’hui alors que nous voyons cette haine, cette méfiance viscérale par rapport à l’autre s’exprimer si
violemment dans les réseaux sociaux, et ailleurs dans des gestes criminels comme à Arras. Notre prière ne doit pas être seulement par nos lèvres, elle doit être aussi dans notre agir quotidien de
paix, d’amitié, de sacrifice aussi (pensons à sainte Thérèse dont les sacrifices quotidiens ont converti un condamné à mort). Soyons de ceux qui sont conviés, avec le vêtement de
noces, à entrer dans la salle de noces. Amen !
P. Loïc Gicquel des Touches