1re lecture : Isaïe 5, 1-7
Psaume 79 Évangile : Matthieu 21, 33-43 |
1. L’évangile, une parabole, aux termes transparents sur « l’histoire du salut » :
Propriétaire d’un domaine : le monde
Il planta une vigne, c’est nous, c’est l’humanité ! qu’il entoure, qu’il protège, qu’il garde (la clôture, la tour de garde).
Il loua cette vigne à des vignerons : bien sûr, on pourrait dire : les chefs du peuple, mais c’est plus largement nous encore, l’humanité, chargée de faire donner du fruit à cette terre.
- il la « loue » : c’est-à-dire que selon la bible, qu’il en reste le propriétaire : mais, de cette terre qu’il loue, qui ne nous appartient pas, est-ce que nous ne nous conduisons pas comme si c’était nous les propriétaires, avec une exploitation abusive (folle parfois) de tout ce que peut produire à profusion la terre ?
- nous nous rappelons aussi que selon la bible encore, l’homme a été placé sur terre pour cultiver le jardin : qu’en avons-nous fait ?
2. Il partit en voyage…
- il n’est pas toujours là, il ne manifeste pas toujours de façon palpable sa présence.
Il semble ne pas être là.
Angoisse de l’homme qui a l’impression souvent de vivre seul dans l’univers
- quand reviendra-t-il ?
3. La suite de la parabole est limpide :
- les serviteurs maltraités, tués : les prophètes
- son fils, jeté hors de la vigne, et tué : Jésus
- le royaume de Dieu enlevé pour être donné à ne nation qui lui fera produire ses fruits : les Actes des apôtres nous montrent à longueur de chapitre comment ce sont les païens qui ont reçu avec enthousiasme la Parole de Dieu.
- Tuons-le, nous aurons son héritage : oui, c’est dans la mort de Jésus, sa Passion, que nous sommes sauvés, qu’il nous donne le salut.
4. Il faut actualiser
Aujourd’hui encore…, sur ces sujets si importants de l’exploitation éhontée de la planète, d’une terre dont nous ne sommes pas propriétaires, à cause de l’argent-roi, à cause de la corruption, des prophètes sont envoyés inlassablement, mais ne sont pas entendus.
Certainement, le pape est un de ces prophètes :
-
Clamant une vérité mais parfois dans le désert, y compris chez les chrétiens ;
-
Au risque de déplaire, de ne pas être entendu, d’être bâillonné.
Aujourd’hui encore, Jésus est jeté dehors, aujourd’hui encore, l’Amour est rejeté.
5. Alors, n’y a-t-il pas d’issue ?
Non, il n’y a pas d’issue, sauf à se répéter cette parole de vie : la pierre qu’ont rejeté les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle.
Et c’est alors le rôle de l’Église toute entière, fondée sur cette pierre, et donc de nous-même, blessée elle-même par le péché, d’être prophète dans le monde ; de crier quand le jardin s’abîme, quand la terre et les hommes sont cruellement malmenés.
L’Église peut crier comme le prophète Isaïe dans la 1ère lecture, mais elle peut consoler aussi car elle peut distribuer le vin de la vigne ; car sur l’autel dressé dans le chœur, nous buvons le vin de l’alliance, le vin de notre renaissance, le vin du pardon, le vin de l’Esprit.
Et nous supplions Dieu pour lui faire connaître nos demandes (2ème lecture) : parmi tous les prophètes et les autorités de ce monde, puissions-nous entendre ceux et celles dont la voix est véritablement évangélique ; les entendre et nous joindre à leurs cris d’alerte, sur un ton juste, sur fond de notre foi inébranlable en Dieu. Amen !
P. Loïc Gicquel des Touches