1re lecture : Isaïe 56, 1.6-7 |
1. Au sujet de la « dureté » de Jésus qui renvoie « dans ses cordes » la cananéenne :
- grâce à Matthieu, nous touchons du doigt l’humanité de Jésus et c’est très émouvant : on lui a appris que le salut passait par l’attachement à la loi de Moïse, donc par les juifs qui mettaient en pratique cette loi. Il récite la loi qu’il a apprise
- et en même temps, comme on le voit, il se laisse émouvoir par cette païenne, et la guérison de la fille est un moment important pour la construction de la foi de Jésus : le salut n’est pas réservé seulement aux juifs, il l’est aussi pour les païens, par la foi. Après, il ira en Décapole, il guérira de même le fils du centurion romain… révolution… !
- disant, pensant cela, Jésus est en même temps dans le droit fil de la tradition de l’Écriture, en particulier le prophète Isaïe (2ème lecture) : Les étrangers qui se sont attachés au Seigneur pour l’honorer, pour aimer son nom, pour devenir ses serviteurs, tous ceux qui tiennent à mon alliance, je les conduirai à ma montagne sainte…
- mais allons plus loin en osant – ce qui est inhabituel- regarder Jésus comme quelqu’un qui se laisse convertir par la cananéenne : il accepte d’accéder à une attitude qui, au départ, n’était pas spontanée… Jésus qui se laisse convertir, qui se laisse changer : là aussi, quelle révolution dans notre manière de l’aborder…
Et nous, comment nous laissons-nous convertir ?
2. La foi de la cananéenne : elle ne se rebiffe pas, elle est pleine d’humilité : d’accord pour aller sous la table des maîtres, comme un petit chien… Jésus admire cette foi, car elle est authentique et sincère.
Il se reconnaît au final dans la démarche très humble de la cananéenne, car finalement lui aussi est venu prendre la dernière place lui qui n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu ; mais il s’est dépouillé lui-même prenant la condition de serviteur… Il s’est abaissé en mourant sur une croix… Il n’a pas accompli sa mission en se mettant en avant, au contraire. En filant l’image, il a accepté de se mettre en miettes, par sa mort sur la croix.
Jésus a pris vraiment la dernière place et il nous invite souvent à le faire : souvenez-vous ainsi de la parabole des invités au banquet.
3. Jésus admire la foi de cette païenne, toute humble et discrète, en contraste avec la foi arrogante de ses frères de race, qui revendiquent un traitement à part, un traitement de choix… Jésus comprend très bien que là n’est pas la vérité, l’authenticité de l’appartenance à Dieu. L’authenticité, elle est de l’ordre de ce qui fera obtenir à la cananéenne la guérison de sa fille : elle accepte de se mettre sous la table, et non pas autour de la table, comme si le repas nous était dû…
4. Victoire et Augustin
Par le baptême, Victoire et Augustin vont appartenir à la communauté des enfants de Dieu qui ne se distinguent pas parce qu’ils sont les meilleurs. Non, nous savons que pécheurs nous sommes, malgré le baptême. Mais, comme Jésus :
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Nous nous laissons attendrir, toucher par la prière, par la sollicitation de nos contemporains
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Et nous savons aussi, que, par grâce, non seulement nous avons accès aux miettes, mais aussi au pain tout entier qui est son corps, donné dans l’eucharistie que nous célébrons maintenant…
P. Loïc Gicquel des Touches