1re lecture : Actes 2, 1-11 Psaume 103 2e lecture : 1re lettre aux Corinthiens 12, 3b-7 ; 12-13 Évangile : Jean 20, 19-23 |
1. Il souffla sur eux. Comme pour introduire un vent de fraîcheur dans une atmosphère confinée, rendue lourde par les événements qu’ils venaient de vivre, comme pour faire baisser d’un cran la tension rendue vive par la Passion et la mort de celui qu’ils avaient suivi pendant 3 ans. Il souffla sur eux car peut-être d’autres tensions seraient apparues entre eux, des accusations, des jugements, des condamnations.
Ainsi l’Esprit saint est-il celui qui apaise, qui adoucit, qui repose, qui fait entrevoir la lumière alors qu’on est plongé depuis trop longtemps dans la nuit. Il est celui qui ne fait pas baisser les bras, qui fait remettre à l’ouvrage ; il est celui qui rend patient et ferme dans l’adversité. Il souffla sur eux, et ce qui risquait de devenir fétide se dissipa, et il leur fut révélé ce qu’ils n’avaient jamais cessé d’être depuis le début : une communauté de jeunes hommes avec leurs défauts certes, mais transformés, renouvelés par l’appel de ce jeune rabbi de Nazareth, qui leur ouvrait les grands horizons, qui leur faisait confiance, qui leur disait : Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur, j’ai vaincu le monde.
2. Il souffla sur eux. Comme pour les entraîner loin, très loin de chez eux, leur faire connaître de nouveaux horizons. Il souffla sur eux pour les arracher à leurs certitudes qui les engluaient complètement sur place. Il souffla sur eux pour qu’en eux, ils fassent de la place à la nouveauté, à la grâce, à ce qui frappait à la porte de leur cœur, et qu’ils n’avaient pas voulu entendre. Il souffla sur eux en leur disant : Mais laissez-vous entraîner par le souffle de l’Esprit, ne restez pas à côté. Car le vent souffle où il veut, tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va… Quelle belle parole de Jésus à Nicodème pour signifier que nous avons à nous laisser faire par l’inattendu de l’Esprit ; combien d’entre nous sans doute peuvent en témoigner ! Mais malheureusement, trop souvent, nous avons peur de sortir du cadre parfois étriqué de nos vies, et nous ne faisons pas attention aux appels de l’Esprit, parce que ce n’est pas facile d’être bousculés, dérangés. La crainte alors que nous pouvons avoir est de façonner notre vie uniquement sur notre propre jugement sans être éclairé par l’Esprit Saint, alors que la garantie d’une vie solide et durable est de se remettre entre les mains de Dieu.
La joie est alors donnée aux disciples, et ils partent « à l’assaut » du monde, n’hésitant pas à affronter de nouvelles cultures, de nouvelles populations, précédés qu’ils sont par l’Esprit saint qui a préparé ces populations païennes à recevoir la bonne Nouvelle de Jésus.
3. Il souffla sur eux comme pour les recréer, car ce que fait Jésus rappelle la création de l’homme dans le livre de la Genèse : Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie. En Jésus en effet, le monde ancien s’en est allé, l’Esprit saint insufflé les fait hommes nouveaux.
Souffle ténu en saint Jean, mais violent coup de vent dans le livre des Actes : toute la maison en fut remplie. Alors, là encore, les serrures sautent, et les disciples sont précipités dehors, et ils annoncent dans toutes les langues et dialectes aux Juifs venus des 4 coins de l’Europe et de l’Asie les merveilles de Dieu.
Il nous est donné parfois la grâce de vivre des événements particuliers qui nous font toucher de près l’actualité de la Parole de Dieu ; ainsi en ce qui me concerne, lorsque j’ai participé plusieurs fois aux journées mondiales de la Jeunesse ; il y avait une joie extraordinaire de vivre ce « déjà-là » de l’unité et de la communion entre des peuples qui ne parlaient pas la même langue.
4. Une des preuves que l’Esprit Saint est en nous, est ainsi l’aspiration de chacun de nous à recherche l’unité et à la vivre, et à faire de nos différences plutôt qu’un handicap insurmontable, une richesse, tant il est vrai que l’humanité est loin d’être uniforme et qu’il serait bien triste si nous étions tous pareils, pensions et parlions tous pareils. L’énumération des peuples dans la première lecture, le prouve ; « Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce (…) de la Phrygie et de la Pamphylie… » tous ces peuples, même s’ils se retrouvaient ensemble dans le parvis du Temple, étaient très différents les uns des autres, quant à la langue, les coutumes, et même la façon de pratiquer leur judaïsme. Et cependant, l’Esprit les unit en leur donnant de comprendre, chacun dans leur langue, ce que proclament les apôtres, c’est-à-dire « les merveilles de Dieu ». L’Esprit saint nous unit, mais il est aussi celui qui nous donne une âme d’enfant, capable de nous émerveiller du cadeau de la vie que nous fait le Seigneur.
5. Chers amis, par le baptême et la confirmation, nous avons tous reçus déjà l’Esprit Saint ; que la célébration de la pentecôte réveille en nous ce don merveilleux que nous avons reçu ; demandons au Seigneur de le mettre vraiment au service de l’unité dans nos communautés, accompagné de la joie qu’il y a à servir le Seigneur et nos frères. Et en particulier, comme nous y invite le Saint Père, après les 2 mois de confinement vécus dans le monde, de savoir développer une écoute attentive mais pleine d’espérance, sereine mais tenace, constante mais non pas angoissée, qui puisse préparer et aplanir les voies que le Seigneur nous appelle à parcourir. Amen !
P. Loïc Gicquel des Touches