1re lecture : Actes 10, 37-43 Psaume 117 2e lecture : Colossiens 3, 1-4 Évangile : Jean 20, 1-9 |
A Noël nous vivons toujours deux célébrations :
- Celle de la nuit / messe de minuit Luc.
- Celle du jour : Prologue
A Pâques il y a le même principe :
- la vigile : l’évangile de l’année
- et la messe de pâques. Jean
Tous les récits de résurrection, nous allons les entendre dans le 4 évangiles tout au long de cette semaine pascale. Nous verrons les mêmes constantes : le doute de ceux qui rencontrent Jésus, l’adhésion croyante et aussi l’envoi en mission.
Ici, une question se pose, comment se fait-il qu’il y ait quelques différences entre les différentes versions.
La réponse est simple, il n’y a pas de récit unique de la résurrection, car personne n’a vu ce qui s’était passé dans le tombeau. C’est un secret.
En revanche, il y a des témoins qui ont vu le ressuscité.
Cette remarque est essentielle. Car la résurrection en effet n’est pas de l’ordre du constat, celui qui était mort est vivant, je le constate, comme un fait extérieur mais qui ne me touche pas.
Non la foi pascale c’est l’objet d’une rencontre, une rencontre décapante, une rencontre bouleversante, une rencontre qui change notre vie radicalement.
Hier dans l’évangile de Matthieu, les femmes étaient joyeuses et toutes tremblantes.
Oui cette rencontre bouleverse toute leur vie. Dans la version de Saint Jean que nous lisons ce matin, juste après que Pierre et Jean soient repartis du tombeau, Marie Madeleine va rencontrer Jésus. Elle voudra le retenir et il y aura cette réponse de Jésus qui est restée célèbre : ne me touche pas : nolli me tangere.
Madeleine on le voit justement voudrait rester comme avant, que Jésus reste avec eux, le groupe des disciples, mais Jésus doit repartir vers son père.
C’était la même tentation de Pierre lors de la transfiguration, restons là sur le mot Tabor et dressons trois tentes.
Il nous faut imaginer le traumatisme que ces premiers disciples ont subi de comprendre que Jésus ne serait plus avec eux physiquement. Mais justement il est vivant et il laisse des signes de présence :
- C’est le don de l’eucharistie,
- C’est le don de sa parole,
- C’est le don de la vie communautaire.
Ce sera l’évangile de dimanche prochain, nous sommes de ceux qui sont heureux parce que nous croyons sans avoir vu. Nous n’avons pas vu le Seigneur ressuscité, mais nous croyons les témoins et nous recevons les signes d’une grande force de sa présence qui nous donne de croire et d’annoncer qu’il est vraiment ressuscité.
Certains se posent la question dans ce temps que nous traversons, comment fêter le ressuscité, comment l’annoncer en cette année 2020, alors que nous vivons ce temps de souffrance, alors que notre monde est marqué pas cette épreuve de l’épidémie. C’est une bonne question. Nous ne sommes pas hors sol, nous ne fêtons pas un évènement qui serait une parenthèse totalement à côté de la vraie vie.
Il y a ici deux réponses à faire :
- La première, c’est que dans l‘histoire de l’Église il est arrivé que dans ces situations de détresses les chrétiens célèbrent Pâques. Et c’est dans ces moments où finalement nous comprenons le mieux le sens de nommer Jésus est notre sauveur.
- La seconde réponse est de dire que la résurrection de Jésus n’est pas un remède miracle qui viendrait résoudre tous nos problèmes ou répondre à toutes nos questions.
En disant cela je pense à chacun de nous, je pense surtout à nos amis catéchumènes. Lorsqu’ils seront baptisés ils pourront dire qu’ils sont réellement entrés dans une vie nouvelle Et en même temps ils retrouveront la situation de leur vie familiale, professionnelle, relationnelle. Rien n’aura changé extérieurement, mais en eux tout aura changé car ils vivront cette réalité avec la foi du Seigneur ressuscité, du Seigneur qui les accompagne, du Seigneur qui leur promet la vie éternelle, du Seigneur qui donne un sens nouveau à leur vie.
Cette foi dans le Seigneur, elle est personnelle, elle est intime. Mais cette foi nous la vivons dans l’Église. C’est le sens de l’évangile de ce jour. Alors que Pierre et Jean courent au tombeau, c’est Jean qui arrive le premier, et pourtant il attend que Pierre entre le premier dans le tombeau vide. Ce n’est pas une anecdote, ce n’est pas uniquement parce que Jean est plus jeune et qu’il a couru plus vite. Non, Jean attend que Pierre entre le premier pour signifier que le premier qui doit entrer dans le tombeau est celui qui a pour mission de guider l’Église, c’est à dire Pierre.
Dans un instant nous allons renouveler notre profession de foi baptismale, au cœur de cette profession de foi se trouve la résurrection de Jésus. C’est en Église, c’est avec l’Église, c’est grâce à l’Église que nous pouvons le faire. Préparons-nous à la vivre avec une intensité toute spéciale en ce jour de Pâques. Disons-là en pensant les uns aux autres, en pensant à nos communautés que nous rejoindrons dans les semaines qui viennent.
Mgr Jacques Habert,
Évêque de Séez