1re lecture : Exode 17, 3-7 Psaume 94 2e lecture : Romains 5, 1-2 ; 5-8 Évangile : Jean 4, 5-42 |
1. Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? Il me semble que c’est cette phrase prononcée par le peuple d’Israël exsangue, à bout, fatigué, qui marque de son
empreinte les lectures de ce jour, mais aussi notre quotidien ! Actes de violence quotidiens, incivilités permanentes, guerres en Ukraine et ailleurs, séismes terribles, manifestations à
n’en plus venir, grèves et tensions permanentes jusque dans nos propres communautés, familles… Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? C’est-à-dire : a-t-il fait
alliance avec nous, oui ou non ? N’a-t-il pas juré de marcher avec nous ? N’a-t-il pas promis sa présence amicale ?
2. Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? Cette question, nous nous la prenons de plein fouet chaque carême, tant il est vrai que ce temps des 40 jours est un temps favorable de réalisme et de conversion spirituelle, où nous cessons de croire en un Dieu magique qui doit tout seul résoudre tous nos problèmes. Que c’est important ces 40 jours où nous cesserons de nous conduire en enfants gâtés et où nous prenons courageusement notre destin en main, arrêtant de tout vouloir réclamer du Seigneur, où nous prenons conscience que ô combien lui aussi a pris sa croix, la sienne et les nôtres, nous invitant à porter la nôtre, et à le soulager aussi, comme Simon de Cyrène l’a fait.
Il n’y aura pas de belle montée vers Pâques, il n’y aura pas de beaux éclats de joie le jour de pâques et de la résurrection, si nous ne sommes pas entrés courageusement dans les déserts de nos vies, où le Seigneur nous accompagne, où il ne nous abandonne pas.
Le Carême, j’y vais ! Ma vie parfois cabossée, je la prends en charge ! Mon péché qui me colle à la peau, je l’assume, et je le présente au Seigneur, dans la prière et dans le sacrement du pardon !
3. Nous comprenons mieux comment s’insèrent dans le temps liturgique du carême ces 3 étapes vers le baptême des catéchumènes adultes. Nous prierons pour Noémie et Marie-Amélie pour que sur ce chemin qui les conduit à être configurées au Christ, nées de l’eau qui coula de son côté transpercé, elles soient libérées de toutes ces forces qui nous entravent si bien et nous retardent sur le chemin de la foi. Nous prions nommément pour que le Malin ne les détourne pas de la voie qu’elles ont choisie, le Malin qui, sur ce chemin vers le baptême, peut avoir des arguments extrêmement convaincants pour les en détourner.
4. Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? Admirable rencontre aujourd’hui dans l’Évangile entre la Samaritaine et Jésus, immortalisé par tant d’artistes. Je pense que la Samaritaine ne croyait plus en grand-chose. Lasse de la vie, lasse certainement de ses 5 maris, et le 6ème n’était plus qu’un compagnon sans doute aussi perdu qu’elle. Habituée à être le rebut de son village, puisqu’elle vient au puits à midi, l’heure la plus chaude de la journée, pour être sûre d’y rencontrer le moins de monde possible.
Un Dieu libérateur, le récit des pères, Moïse, Abraham, David, tout cela pour elle ne devaient plus représenter grand-chose. Cependant, il devait rester au fond d’elle-même comme une petite braise bien mince prête à s’enflammer quand on voit comment, de personne fataliste, éteinte, découragée sans doute par les malheurs de la vie, elle se remet debout tout d’un coup, et devient la joyeuse messagère de Jésus et de sa parole de vie.
5. Étonnant Jésus de liberté et de franchise ! Alors que les scribes et les pharisiens choisissaient soigneusement leurs interlocuteurs, et ne se seraient pas adressés au premier venu, surtout une femme, lui l’Envoyé de Dieu, lui le Messie, lui le Désiré des Nations, spontanément et avec une si belle bienveillance envers cette femme abîmée, montrée du doigt, il se fait son catéchiste bienveillant, il la relève, il lui donne une occasion de repartir.
6. Si Jésus a fait cela à cette femme quelconque, cette femme du peuple, désabusée par la vie, déçue d’elle-même et de son entourage, alors combien plus avec nous si nous sommes tentés par cet Ah quoi bon et si nous nous posons des questions sur le sens de la vie, sur l’existence gratifiante de Dieu et ce à quoi nous sommes appelés.
Entendons ce matin Jésus nous dire, comme à cette femme de Samarie qu’il veut nous donner son eau vive, pour que nous n’ayons plus jamais soif d’eaux frelatées et nauséabondes qui sont les sirènes du monde qui veulent nous attirer vers leurs puits, des puits séduisants, agréables à regarder, pleins d’atours extérieurs, dont les eaux sont savoureuses à la première gorgée, mais qui s’avèrent mortelles au bout du compte.
7. Noémie et Marie-Amélie ont été attirées vers le puits d’eau vive où s’est assis Jésus, elles veulent goûter par le baptême à son eau vive, désaltérante et claire, et nous les accompagnons avec beaucoup de joie dans leur démarche de vie.
Amen
P. Loïc Gicquel des Touches