1re lecture : Isaïe 60, 1-6 Psaume 71 2e lecture : Éphésiens 3, 2-3a ; 5-6 Évangile : Matthieu 2, 1-12 |
1. La période de Noël nous offre en ce moment de très beaux évangiles ! « Beaux » évangiles, car ils nous invitent à un « au-delà », ils nous invitent au rêve et à sortir de nos soucis quotidiens ; ainsi ce que nous donnent à voir les crèches de nos maisons et de nos églises
- de jeunes parents, ouverts sur l’avenir
- un enfant qui ouvre les bras
- une nuit très lumineuse (Pontmain…)
- des humbles et pauvres bergers, que beaucoup dédaignent, et qui sont tout d’un coup au premier rang pour aller voir le maître du monde…
Il faut avoir un cœur de pauvre pour aller à la crèche.
2. L’évangile des mages d’Orient n’est pas mal non plus et nous fait rêver aussi un enfant qui ouvre tellement les bras qu’il nous fait comprendre qu’à travers ces orientaux venus de très loin, ce n’est pas seulement un peuple qui est appelé à rendre hommage, mais la terre entière. Il n’y a pas de peuple ou de communauté particulière « chouchou » du Seigneur, tous, juifs ou crétois, (Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce…), nous sommes appelés à être aimés du Seigneur. Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au partage de la même promesse… (Éphésiens, 2ème lecture)
3. Suivons les mages, et voyons comment la Parole de Dieu nous donne à réfléchir : ils sont partis, alors qu’ils ne connaissaient pas les textes sacrés des juifs, ils n’avaient pas l’Écriture en main. Mais ils sont curieux, ils ne prétendent pas tout savoir, ils ne se veulent pas enfermés dans une communauté, un savoir, une ville. Le chrétien est aussi celui qui prend la route, qui sort de lui-même.
Les mages ne sont pas assimilables aux bergers, ils ont un certain savoir, et surtout on les imagine avec certains revenus puisqu’ils sont capables d’entreprendre un tel voyage, mais ils les rejoignent dans un même esprit de pauvreté. Se croire riche, croire qu’on a tout et besoin de rien, tout cela replie sur soi, et ne rend plus curieux, et surtout avide de rencontres et de découvertes.
Regardez les autres sages qu’ils consultent à Jérusalem : ils « savent » où est né le sauveur d’Israël (à Bethléem, terre de Juda), mais ce savoir ne les fait pas bouger d’un pouce !
4. A Jérusalem, ils rencontrent Hérode le Grand. Celui-ci était un personnage qu’on connaît très bien aujourd’hui : extraordinairement imbu de sa personne. On peut penser que pour ces ambassadeurs riches venus de loin, il sort le grand jeu….
Cela ne les impressionne pas du tout… et cela est éloquent. Ce n’est pas la magnificence et la dorure des palais, le velours et la soie des vêtements qui peuvent les émouvoir, c’est la recherche d’un tout petit enfant : Mais où est-il ? demandent-ils à Hérode qui a dû en être violemment vexé.
Quand les mages venus d’Orient sont à Jérusalem, l’étoile n’y est pas : c’est le signe que le sauveur du monde n’est pas du côté de la pompe, du clinquant ou du brillant, il est ailleurs…
« La lumière de Dieu ne va pas chez celui qui brille de sa propre lumière. Dieu ne s’impose pas ; il éclaire, mais il n’éblouit pas » (pape François).
Pour aller vers Jésus, il faut au contraire se défaire de ses vêtements somptueux… Imaginez ceux des mages après des semaines de voyage : fripés et plein de poussière. Au long de tous ces jours d’un éprouvant voyage, comme leur cœur a dû changer, avant de rencontrer l’enfant…
5. L’or, l’encens et la myrrhe
L’or, pour rappeler que derrière l’exceptionnelle simplicité de cet enfant, se cache le maître de toute la terre. Mais il est le maître, non pas en possédant, mais en s’étant dépouillé de tout, en s’étant appauvri (et nous… ?)
L’encens, c’est la prière : Comme cet encens monte vers le ciel, que notre prière monte devant toi… Une prière humble, confiante, modeste. Si je prie, ce n’est pas pour me mettre en avant ! Une prière qui sente bon !
La myrrhe, c’est un onguent pour panser les plaies du Seigneur. Le Seigneur désire que nous prenions soin des corps éprouvés par la souffrance, de celui qui est laissé en arrière.
En ce début d’année, quel cadeau vais-je faire au Seigneur ?
P. Loïc Gicquel des Touches